Qui se fait un printemps de paroles nouvelles
Oublie par trop qu'elles sont vouées à défleurir
Ni plus ni moins que ces filles au visage d'ange
Dont le temps se charge de ternir l'éclat
D'autres à leur suite deviendront méconnaissables
Les forces vives tôt ou tard défraîchies

L'être et le langage partagent le même destin
Quand rien ne reste de leur beauté première
C'est pourtant le charme de l'âge qui les sauve
Comme d'anciennes demeures le mystère de leurs ruines
Ou ces amours défunts remuant dans leurs cendres
Qui versent au coeur une mélancolie pareille
A celle qu'insipire la belle saison sur sa fin
Peu avant l'envol des oiseaux vers l'Afrique
Et que les feuilles ayant quitté les branches
Ne sèchent par terre dans un décors de givre.

René-Louis des Forêts, dans Les Mégères de la mer, "Poèmes de Samuel Wood", 1967, accompagné de Jean Dieuzaide, Portrait de femme, 1960

Des Forêts
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