Ink Painting Landscape. Photograph: © Sotheby’s

Ink Painting Landscape. Photograph: © Sotheby’s

L'ECRITURE EST FAITE DE TROUVAILLES, même lorsqu'il s'agit de celle de mon mémoire de Master 1 de Lettres consacré au poète Victor Segalen.  Poète voyageur,  sinophile, Segalen  a solidifié le genre de la poésie de voyage au 19ème siècle en se démarquant par son originalité et sa prose fleurissante. 

Je partage ici Eloge de la jeune fille, poème dédié aux jeunes femmes thibétaines, dans le recueil Stèles. Segalen a longtemps parcouru la Chine en qualité de médecin colonial, mais le Thibet lui a toujours été inaccessible en raison de sa santé souffreteuse. Son Thibet n'est donc qu'oeuvre d'imagination. Cette jeune fille semble, malgré sa description traditionnelle, être porteuse de promesses.

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Ceci est réservé à la seule Jeune Fille. A celle à qui tous les maris du monde sont promis, -- mais qui n'en tient pas encore.

A celle dont les cheveux libres tombent en arrière, sans empois, sans fidélité, et les sourcils ont l'odeur de la mousse.

A celle qui a des seins et qui n'allaite pas ; un coeur et n'aime pas ; un ventre pour les fécondités, mais décemment demeure stérile.

A celle riche de tout ce qui viendra ; qui va tout choisir, tout recevoir, tout enfanter peut-être.

A celle qui, prête à donner ses lèvres à la tasse des épousailles, tremble un peu, ne sait que dire, consent à boire, -- et n'a pas encore bu.

Stèles, Victor Segalen

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